Source pour l'image de Tintin: http://fr.tintin.com/news/index/rub/0/id/4113/0/les-85-ans-de-tintin

Source pour l'image d'Hergé: http://fr.tintin.com/herge

Pour aborder l'Europe, je vais vous parler d'un album de Tintin qui continue de créer la polémique: Tintin au Congo. Pourquoi ce choix ? Parce que la Belgique est un pays francophone, de même que le Congo. Aussi, je trouvais intéressant d’évoquer la polémique qu’il suscite.

Dans un premier temps, je vais revenir brièvement sur la colonisation belge au Congo.

Source : http://www.cobelco.info/Histoire/histoireframeset.htm

Celle-ci commence lorsque le Roi des Belges Léopold II lance le projet en 1875. Sa seule chance d’obtenir des colonies se situait en Afrique, car l’Orient était déjà très largement aux mains des Français. Il trouve le moyen de coloniser une partie de l’Afrique en créant l’Association Internationale Africaine en septembre 1876. Il fera l’annonce lors d’une conférence organisée au palais royal de Bruxelles. Par la suite, il créera le Comité d’Études du Haut Congo, puis l’Association Internationale du Congo (1878). Le problème est que la région était déjà aux prises de nombreux conflits entre les Français, les Anglais et les Portugais. Il fallait donc faire vite. La Conférence de Berlin (1884-1885) permettra aux Congolais de naviguer plus librement sur leurs eaux et interdit tout monopole de celles-ci par les Occidentaux. Aussi, elle promulgua l’abolition de l’esclavage dans cette région. En revanche, elle ne permit pas de délimiter les terres de façon claire et définitive.

L’Etat Indépendant du Congo (EIC) naît en 1885 et Léopold II en devient Roi. Le gouvernement central de l’EIC, installé à Bruxelles, compte trois départements : Les Affaires Intérieures, les Affaires Etrangères et le Département des Finances. En 1890, le Gouvernement vote une convention entre la Belgique et l’EIC, qui cèlera le sort du Congo.

Dans les années 1880, la Belgique envoie des agents territoriaux, responsables de l’exploitation du pays. En 1890, ils sont 175. Vinrent ensuite les missionnaires, dont l’installation est facilitée par le Roi Léopold II.

« A côté de ces colonies officielles, les missions créaient des colonies privées, elles aussi occupées par des enfants livrés par l’état. Ces colonies se trouvaient notamment à Boma, Bangala, Moanda et Berghe-Ste-Marie. Il y avait par exemple 387 enfants en 1900 dans la colonie officielle de Boma. Ces colonies étaient de véritables camps de la mort. Le taux de mortalité était énorme, lié principalement à la famine, à l’épuisement, au manque d’hygiène et aux épidémies. Cette dernière cause était citée par les missionnaires comme étant la cause principale des décès.

Quelques extraits du rapport trimestriel du Scheutiste Decleene d’avril 1895-Boma: "Nombre d’élèves : 246. Si les enfants jouissent d’une excellente santé, le contraire est vrai pour les enfants venus au mois de février; plusieurs d’entre eux sont si épuisés par les fatigues et les privations de la route des caravanes qu’ils n’ont pu se remettre de leur maladie". En janvier 1893, Fuchs, magistrat de l’EIC, parle d’un contingent de 62 enfants envoyés à Boma qui sont dans un état de maigreur excessive. Decleene ,en juillet 1894, cite un autre contingent d’enfants dont la plupart sont arrivés dans un état si faible que plusieurs pourraient succomber malgré les soins qui leur sont prodigués. »

Le bilan est extrêmement lourd: selon des sources officielles, dix mille enfants sont morts dans ces missions privées, sans compter ceux victimes de rafles, des déportations ou pendants leur fuite.

Le Congo deviendra finalement indépendant en 1960.

Tintin au Congo

Mes premières impressions après la lecture de ce volume sont assez contrastées. Bien que je comprenne tout à fait que certaines personnes se soient senties offensées, on sent toutefois une certaine ironie dans le style d’Hergé. Aussi, il convient de contextualiser l’œuvre : écrite en 1930, à l’époque où le Congo était encore belge, elle ne fait que retranscrire la réalité de la colonisation. Ainsi, si les Congolais s’expriment mal et si Tintin est vu comme le sauveur par une partie de la population, c’est parce que «À l'époque, disait Hergé, 99% des Européens voyaient la colonisation comme un moyen d'aider les Noirs et de sauver leurs âmes» (propos de Marcel Wilmet, porte-parole de la maison d’édition Moulinsart, extrait de http://www.lefigaro.fr/bd/2012/12/05/03014-20121205ARTFIG00713--tintin-au-congo-n-est-pas-raciste-selon-la-justice-belge.php). Aussi, on voit bien les hostilités dont Tintin et Milou sont victimes, essentiellement de par la présence de l'étranger, qui veut à tout prix les chasser. Sans vouloir extrapoler, on peut comprendre que ce même étranger, manifestement européen lui aussi, voulait mettre la main sur cette partie de l'Afrique. Ainsi, Hergé tente de démontrer que la position de Tintin n'est pas aussi simple qu'elle en a l'air. De plus, certains villageois veulent l'évincer. Il met aussi en scène la difficulté pour la Belgique de convaincre des bienfaits de l’invasion des Blancs au Congo et de ce que cela pourrait apporter aux autochtones, surtout en ce qui concerne la transmission des savoirs. Si Hergé met en avant Tintin, il n’en oublie pas pour autant l’importance de la hiérarchisation de la société africaine.

En 2011, Tintin au Congo a toutefois été interdit en Grande-Bretagne en 2009 et en Suède en 2011.

En 2007, « la Commission pour l'égalité des races, une association anglaise, assure que la BD de Hergé contient des «préjugés raciaux hideux» (http://www.lefigaro.fr/bd/2012/12/05/03014-20121205ARTFIG00713--tintin-au-congo-n-est-pas-raciste-selon-la-justice-belge.php). Par la suite, Le Cran (Conseil représentatif des associations noires) et Bienvenu Mbutu Mondondo reprendront l’affaire en main et assigneront la justice belge, pour interdire la vente de cet opus, qu’elle considèrera comme non raciste en 2012.

Tintin au Congo

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